L’obstructionnite éolienne, un nouveau virus qui frappe le Vallon de St-Imier
Un nouveau virus vient de frapper le Vallon de St-Imier : l’obstructionnite éolienne. Sa vitesse de propagation est foudroyante, mais ses conséquences heureusement indolores. Intéressants en revanche sont ses symptômes : perte de l’odorat politique, disparition du sens de la transparence, tendance à coller le nez au guidon. D’où nous vient donc cet étrange virus ? Une fois de plus un effet néfaste de ces inutiles et coûteuses éoliennes, qui font tourner la tête à nos édiles politiques. Explications.
Le 5 mars, les communes de Corgémont, Cortébert et Courtelary mettent à l’enquête publique la construction de trois nouvelles éoliennes de BKW destinées à agrandir la centrale de Mont Crosin du côté de Jeanbrenin. A priori, vraiment pas de quoi s’agiter les pales. Passer des 16 ventilateurs actuels à 19, l’exercice est à peine visible, à part évidement pour Tramelan qui est aux premières loges sans avoir le moindre mot à dire.
Sauf que… chuuuut, gratter le vernis vert des éoliennes, c’est s’immiscer dans l’antre du dieu Eole et de ses secrets d’Etat. Ne vous aventurez pas à demander de recevoir sous forme PDF le dossier constitué de 4 classeurs fédéraux remplis de cartes et de détails techniques en tous genre. On ne vous le transmettra pas. Le dossier est consultable aux heures de bureau dans les communes concernées en format papier, punkt schluss. Voilà la réponse de Cortébert, la première commune contactée. Rapidement, le virus de l’obstructionnite éolienne descend la Suze jusqu’à Corgémont, qui, du tac au tac, répond à l’identique. Sans crier gare, Courtelary est frappée par le même mal et les mêmes symptômes, qui désarment tout un chacun à l’heure de la digitalisation, de la transparence et… d’un autre virus, le covid-19.
Doublement masqué, pour faire face à deux virus d’un coup, nous nous sommes rendus dans une de ces communes méchamment frappées par ce mal mystérieux, sans doute venu de Chine lui aussi, vu les symptômes assez totalitaires que le virus de l’obstructionnite éolienne produit. But de l’opération : photographier les documents pertinents pour travailler quand on en a le temps, donc nuitamment, et se faire une idée du projet dans ce labyrinthe de cartes, d’études d’impacts, d’autorisations spéciales, de modélisations acoustiques et autres expertises géologiques. INTERDIT. Le dossier ne peut pas être photographié. Deuxième tentative dans une deuxième commune contaminée. Là aussi : INTERDIT.
BKW…, mais oui, le groupe énergétique qui, il y a quelques années, avait encore avec son nom de forces motrices bernoises un peu de respect pour les francophones du Canton de Berne, voilà une solution : les documents sont sa propriété. Demandons-leur les dossiers contre une reconnaissance écrite de confidentialité ! Keine Chance ! Berne aussi a été contaminée par l’obstructionnite éolienne. Un virus qui circule plus vite que la lumière, même à Berne, c’est dire. Les mêmes symptômes ont franchi la barrière de rösti.
La morale de cette épopée au pays de l’obstructionnite éolienne : un dossier si secret, qu’on n’a ni le droit d’obtenir sous forme de PDF, ni de photographier, doit contenir de terribles secrets. Quand on n’a rien à cacher, on joue cartes sur table, non ? Une opposition au projet de parc éolien de Jeanbrenin doit donc être déposée, afin de démasquer ce terrible secret, qui finira bien par apparaître au grand jour. Corgémont, Cortébert et Courtelary ont donc tout perdu à vouloir jouer le jeu de l’obstructionnite éolienne : une procédure de plusieurs années débute, avec la possibilité qu’à la fin, aucune de ces trois éoliennes ne soit construite.