Autonomie? le piège marketing de BKW

La région située entre Saint-Imier et le Noirmont serait en autonomie énergétique à 90% grâce aux sources renouvelables, fanfaronne BKW (communiqué). Autonome? La définition du terme est simple: “qui ne dépend de personne”. Quelle tromperie ! Quand le vent ne souffle pas pour faire tourner les éoliennes de Mont Crosin et que le soleil reste caché derrière les nuages, la région dépend presque totalement de l’électricité importée. Ce n’est pas la louable usine de la Goule et ses 18 GWh qui sortira à elle seule la région de la pénombre.
Autre mystification : grâce à son marketing bien rodé, BKW comptabilise ses kilowattheures deux fois. Une première fois sur le lieu de production, le «Swiss Energypark», qui vivrait dans une prétendue autarcie avec “son” électricité, et une seconde fois sur le lieu de commercialisation, c’est-à-dire au client final entre Grindelwald et Porrentruy. Dans un miracle quasi biblique, BKW multiplie ainsi les kilowattheures, à l’instar des pains. On rirait presque de ce marketing trompeur s’il ne traduisait à lui seul toute la faiblesse de la stratégique énergétique 2050 : vouloir s’affranchir des lois élémentaires de la physique pour faire reposer l’approvisionnement électrique sur les caprices du vent et les aléas du soleil, tout en espérant que le hasard fera le reste. Ce hasard porte un nom magique : le «mix énergétique».
BKW n’a que faire de notre région, elle l’avait prouvé en abandonnant la raison sociale «FMB» pour ne conserver que le pendant allemand. Notre région n’est intéressante que pour les juteuses subventions fédérales tirées des centrales éoliennes (9 millions en 2018) et pour le courant photovoltaïque racheté à bas prix auprès des particuliers.
Rendons hommage ici au courage de la société norvégienne pour les peuples menacés, qui a annoncé il y a quelques jours qu’elle poursuit BKW en justice (voir ici), parce qu’une des centrales éoliennes du groupe bernois menace la survie d’une collectivité autochtone, qui vivait là en harmonie avec la nature bien avant que BKW vienne y installer ses hélices au nom de l’écologie.